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Maroc & Tourisme
8 février 2009

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II. LES IMPACTS DU TOURISME SUR LA SOCIETE MAROCAINE


Introduction :  

 

Le tourisme occupe une place importante au cœur de beaucoup de  pays. Comme vu précédemment, son influence est omniprésente au cœur de l’économie nationale, mais les touristes sont aussi responsables d’un grand nombre de modifications percevables au sein de la société. En effet, l’arrivée de personnes extérieures au pays n’ayant pas la même culture ou des modes de vie différents joue un rôle essentiel sur l’évolution de la population locale.

Ainsi, au Maroc, ce phénomène est plus que perceptible. Quels sont les impacts du tourisme sur la société marocaine?

Nous verrons donc que l’arrivée massive du tourisme extérieur au Maroc a malheureusement eu des conséquences néfastes sur une partie de la population mais elle en a aussi fait bénéficier une autre de nombreux avantages.

 

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A) Les inconvénients de l’afflux touristique


L’arrivée massive de touristes au Maroc donne en partie lieu à des conséquences néfastes. La population marocaine est parfois victime du tourisme dans le sens où elle doit subir la construction de nombreuses infrastructures et ensembles immobiliers « sauvages » (exemple : bidonvilles) auxquels les populations doivent se contraindre. Le tourisme provoque aussi un bouleversement des mœurs de la société qui découle de la rencontre de cultures différentes parfois même contradictoires, et du comportement irrévérencieux adopté par un grand nombre de touristes.

 

1. la répercussion de la construction d’infrastructures touristiques sur la population marocaine

 

a) La désertification des campagnes

 

Le Maroc est devenu une destination touristique très prisée. Plus moderne, plus attrayant, il attire beaucoup de clients. L’arrivée progressive de milliers de touristes depuis la fin du XXème siècle a donc incité les responsables marocains, privés comme publics, faire le nécessaire pour accueillir cette nouvelle population. Ainsi, le pays a du agrandir ses villes principales (Agadir, Marrakech, Casablanca, Rabat…) et construire de nombreux complexes hôteliers et Riads. Cela a eu plusieurs répercutions sur la population urbaine. En effet, certaines habitations citadines ont été détruites au profit de la construction de complexes hôteliers mais aussi de centres commerciaux, parking, autoroutes… certes, une partie de la population a pu bénéficier de nouveaux logements, mais de nombreux marocains, souvent modestes, expulsés de leur résidence, se sont retrouvés amassés dans des bidonvilles. Aussi, l’exode rural que connaît le Maroc a lui aussi amplifier la population des bidonvilles (bien qu’actuellement, cette migration soit en baisse). En effet, la modernisation du pays et surtout des zones urbaines n’attirent pas que les touristes ; les ruraux eux aussi se précipitent vers ces villes. Pourquoi cet exode ? Parce que les paysans sont confrontés à de grandes difficultés de développement dans les campagnes en raison d’un accès très limité à l’eau, l’agriculture étant le seul moyen de développement dans ces régions et le manque d’eau ne permettant pas une bonne gestion des terres. Dans certains villages, la problématique de l’eau est même plus importante puisqu’elle n’est parfois pas accessible aux habitants les puits étant souvent situés loin des lieux de résidence (l’eau courante n’ayant pas sa place dans des villages si isolés).

 

INDICE

 

Excentrées, mal desservies tant au niveau routier (transports en communs, voies de circulation…) qu’au niveau de la télécommunication (internet…), les campagnes ne permettent pas aux ruraux de vivre décemment. Espérant trouver une vie meilleure, ces derniers migrent alors vers les villes qui se modernisent grâce aux infrastructures touristiques. La population rurale diminue augmentant ainsi la population urbaine.

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Tableau 1: Source: Haut Commissariat au Plan (HCP)

 

L’Etat marocain est bien conscient de ce problème et tente de mettre en place diverses stratégies pour le résoudre. Ainsi, depuis quelques années, une politique de lutte contre la désertification des campagnes a été mise en place, car une des solutions pour mettre fin à ce fléau serait que les populations rurales apprennent à se développer autrement, en restant dans leurs villages.

Mais trouver des solutions est une chose, les appliquer en est une autre. Ainsi, à la création d’infrastructures pour recevoir la population des bidonvilles s’ajoutent la construction de centres médicaux et éducatifs. Sans oublier que l’Etat doit aussi agir pour l’accueil des touristes. Se pose donc un problème financier mais aussi spatial, le territoire n’étant pas infini et la population grandissante.

 

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Photo 1: des bidonvilles au Maroc

 

L’agrandissement des zones urbaines empiètent donc sur les zones rurales, réduisant les espaces d’exploitation agricoles et obligeant alors les populations rurales à intégrer les villes. Le Maroc fait donc face à un véritable cercle vicieux. La population locale en empathie donc, surtout au niveau de l’intégration sociale et de l’accès au soin et à l’éducation. Le rapport de 2007 de l’Unicef est d’ailleurs alarmant sur ce sujet, avec au Maroc 5% des enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque année.

 

Un autre point pose problème aux autorités: le partage des ressources en eau et en énergie. Déjà accablant dans les campagnes, l’eau n’étant pas assez présente comme dit précédemment, il s’agit aussi de la partager avec les infrastructures touristiques. Malheureusement, cette répartition est très inégale et ce sont les complexes hôteliers qui sont majoritairement avantagés. Par exemple les terrains de golf, assez nombreux, nécessitent un arrosage abondant et ces derniers sont parfois bien plus favorisés que la population nécessiteuse… Il en va de même pour les piscines des hôtels, des palaces et des riads. En effet, cela constitue un avantage touristique important pour le Maroc et ce n’est donc pas négligeable. L’eau est donc une denrée rare, couteuse et prisée de tous qui pose problème dans ce pays et même dans le monde entier.

 

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Photo 2: un golf au Maroc 

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Photo 3: grand hôtel marocain

 

 

                             b) l’inflation

L’arrivée des touristes a aussi favorisé une augmentation des prix. Leurs moyens financiers étant généralement plus élevés que ceux des locaux, les commerçants ont augmenté leurs prix au détriment de la population locale qui ne bénéficie pas des mêmes revenus. En effet, en France, le salaire net mensuel s’élève à environ 1500 euros alors qu’au Maroc il se situe à moins de 2000 dirhams soit environ 200 euros. L’écart est donc très important ce qui justifie la différence de moyens financiers et les difficultés d’adaptation des marocains à ces nouveaux prix. De plus, l’Indice du coût de la vie (ICV) des produits alimentaires a connu une hausse de 6,8 % en 2008, tirant l’inflation annuelle à un taux de 3,9%. En une année, le panier de la ménagère marocaine a subi une forte pression des prix…

SALAIRE

 

Mais le secteur le plus touché par l’inflation est sans doute celui de l’immobilier. En effet le prix de l’immobilier au Maroc a connu au cours des dernières années une hausse vertigineuse. La classe moyenne se plaint de cette envolée qui a un impact négatif sur son pouvoir d’achat.

Selon le promoteur immobilier Hicham Slimani : "Les prix sont chers, variant entre 10 000 dirhams et 20 000 dirhams le mètre carré, selon les quartiers des grandes villes", indique-t-il, soulignant que les prix sont "hors de portée des citoyens".

Abdessalam El Mesbahi, Secrétaire d'Etat chargé du Développement Territorial, indique que c’est la spéculation croissante que connaît ce secteur ainsi que l'augmentation du nombre des projets dans les domaines de l'habitat et du tourisme qui ont engendré cette hausse. Il explique que ce phénomène a entraîné une régression de l'offre par rapport à la demande.

Les Marocains attendent avec une grande impatience l’intervention de l’Etat pour créer un équilibre entre les revenus et les prix pratiqués. Salheddine Ibrahimi, directeur d'une école, explique qu'il travaille en vain depuis quatre ans pour acheter un appartement dans le centre de Rabat. "Mon revenu et mon épargne sont en dessous des prix pratiqués. Chaque année, les prix augmentent considérablement. J’ai décidé de rester locataire jusqu’à ce que l’Etat stoppe cette envolée anormale", affirme-t-il.

 

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Photo 4: Le douar Aïn Chbik de Meknès

L’arrivée massive des touristes qui a engendré une augmentation du coût de la vie est donc aussi à l’origine de ce bond des prix de l’immobilier notamment par le biais des constructions touristiques.

La société marocaine moyenne est donc profondément touchée par cela, ne pouvant plus bénéficier du logement et des denrées alimentaires qu’elle désire, ses revenus ne le lui permettant pas.

 

 

 

2. Des mœurs bouleversées

 

          a) L’immigration clandestine et la folklorisation de la société marocaine

 

L’arrivée massive des touristes au Maroc est en lien étroit avec l’influence de la mondialisation sur la société marocaine. Bien qu’ayant permis un certain nombre d’avancées positives pour le pays, ce phénomène a aussi eu quelques impacts négatifs.

En effet, cela a créé des tensions essentiellement religieuses, ethniques, politiques et culturelles dues aux disparités entre l’Occident et le monde arabe. Les réactions sont contrastées. On trouve d’un côté une attirance de la société marocaine pour la culture et le modèle occidental, en lequel ils voient un réel moyen d’épanouissement social. Ainsi, les marocains sont nombreux à vouloir l’approcher et cela se fait d’une part par l’émigration, d’où une augmentation du taux de l’émigration clandestine (fautes de moyens, ils ne peuvent rejoindre les côtes européennes que par l’illégalité). Les émigrants clandestins sont essentiellement des jeunes et des femmes à la recherche de plus de libertés et d’un avenir plus prometteur, ne pouvant pas tous accéder à l’Europe par le biais des études supérieures comme le fond une majorité d’étudiants marocains. Cependant, le pays enregistre une baisse de 65% de l’émigration clandestine grâce à un renforcement du contrôle aux frontières. Mais cette diminution de traduit pas forcément une baisse de la volonté des marocains à atteindre les côtes espagnoles…

 

D’autre part, le système culturel du Maroc tant de plus en plus à s’inspirer du modèle européen. Un phénomène de perte de la culture de base s’observe donc et cela est fortement critiqué par les islamistes du pays qui refusent l’impérialisme culturel de l’occident. Ce nouveau modèle pose aussi un problème pour la religion puisqu’il tend à la laïcité, très peu rependue au Maroc mais qui voit de plus en plus le jour.

 

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Photo 5: Coca-Cola traduit en langue arabe: symbole de l'américanisation

 

Enfin et malheureusement, certains touristes ne respectent pas la culture marocaine et imposent la leur. « Au mieux, l’autochtone s’adapte pour en tirer profit ; au pire, il est lui-même instrumentalisé par d’autres intérêts, comme ces  « peuplades indigènes » parquées, que l’on visite, appareil photo en bandoulière, comme l’on visite un zoo. » (Mohamed Rifki)

 

- Une érosion culturelle

Le tourisme associé à la marchandisation entraîne des transformations des cultures locales notamment des rituels religieux, des rites ethniques traditionnels, des manifestations coutumières et des festivals : ils sont souvent folklorisés.

Il en résulte une appartenance ethnique reconstruite, caractérisée par des changements de valeurs culturelles.

Les touristes désirent souvent retrouver des éléments reconnaissables de leur propre culture pour se sentir à la fois « chez soi » et « ailleurs » : la standardisation touche ainsi les équipements, les logements, la nourriture…

Les manifestations culturelles perdent aussi de leur authenticité lorsqu’elle s’adapte au goût et aux plaisirs momentanés des touristes: «la culture se réduit ainsi, pour beaucoup de touristes, aux chants et aux danses, au costume local et à l’artisanat, dans l’ignorance complète des idées, des valeurs, des systèmes de croyance ou des systèmes de parenté des peuples concernés. La culture indigène est ainsi dévaluée, les stéréotypes renforcés et perpétués.» (Survival internationale, 1999, Tourisme et peuples indigènes, un nouvel impérialisme)

 

- Un choc des cultures

Le tourisme entraîne souvent une rencontre entre des champs socioculturels très éloignés.

Ces limites, lorsqu’elles sont dépassées, peuvent entraîner des incompréhensions profondes, des intolérances, qui dégradent la relation interculturelle.

Des déséquilibres économiques peuvent aussi se manifester durant ces rencontres. Lorsque des locaux veulent imiter le style et le niveau de vie des étrangers qui viennent visiter leur territoire, les dépenses excessives peuvent mettre les familles dans des situations difficiles et les risques de tensions sociales s’amplifient. Certains comportements des touristes (habillement, consommation d’alcool), qui ne respectent pas les normes sociales, culturelles et religieuses du pays, peuvent créer des ressentiments chez certains locaux et provoquer des réactions hostiles (extrémisme).

 

 

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Photo 6: l'influence excessive de la mondialisation au Maroc

 

Toutefois, si la société marocaine, durant ces cinquante dernières années, a pu réussir le pari de conserver les éléments essentiels de son patrimoine, notamment dans le domaine de l’art et de la littérature, elle n'est malheureusement pas parvenue à faire de même pour le patrimoine matériel, surtout en matière d’architecture (par exemple, la reconstruction de la ville d’Agadir après le tremblement de terre de février 1960). Ces formes de richesse ont du souffrir d’actes de folklorisation, de démolition et de dégradation faute d’opérations fréquentes d'entretien et de restauration et à cause du manque d’une politique claire de conservation et de documentation.

Le patrimoine culturel marocain est donc en danger en raison du rythme accéléré de l’urbanisation, de la mondialisation et de l'unification des modèles culturelles sur les cultures nationales qui constituent une menace éminente.

 

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Il n’y a pas d’électricité à Bougraa mais presque chaque maison possède une télévision alimentée par une batterie. On les recharge chaque semaine. Le temps de chargement est de 48 heures, cela coûte 8 dirhams, soit environ 80 centimes d’euros.

 

           b) détérioration de la situation sociale

 

Malheureusement, avec l’arrivée des touristes et le bouleversement de la société, le Maroc est de plus en plus victime d’activités illicites.

Ainsi le trafic de drogues (cannabis) et le marché noir se développent massivement dans ce pays. Ils représentent même une source de revenus importante pour le Maroc, bien qu’illégale. Peut-être est-ce pour cela que le gouvernement ferme en grande partie les yeux sur ce phénomène ? En tout cas, les autorités semblent ne pas agir efficacement face à cela, comme le montre cette vidéo de l’émission Enquête Exclusive : http://www.dailymotion.com/video/x6r44w_enquete-exclusive-nador-maroc-le-de_news

Le Maroc a donc une économie souterraine développée, entretenue par la venue de touristes étrangers qui la convoitent et en tirent profit. Aussi, la drogue est à portée de mains des marocains et touchent malheureusement une grande partie de la jeunesse marocaine et des zones de grande pauvreté.

 

Mais le fléau le plus dramatique et le plus présent au Maroc reste le tourisme sexuel. De plus en plus dénoncé, cette forme de tourisme tend à se faire connaître du monde entier et des mesures pour le combattre voient enfin le jour.

Le tourisme sexuel touche principalement les mineurs et mêmes les très jeunes enfants, mais aussi les jeunes hommes et les jeunes femmes. L’homosexualité se développe dans ce pays qui est pourtant majoritairement musulman. Ce « commerce » se développe essentiellement dans les grandes villes (Marrakech, avenues et boîtes de nuit d’Agadir, Casablanca…) où l’on retrouve une part de misère importante (bidonvilles) car la cause principale de ce fléau est la pauvreté. Ces jeunes gens sont parfois enrôlés de force mais ils se portent souvent volontaires car gagner sa vie est si difficile pour les personnes en situation de précarité, que l’exercice de la prostitution, de la vente de drogues ou de travaux plus « honorables » tel que chauffeur de taxis, permettent d’acquérir des rémunérations plus intéressantes que dans le cadre d’un travail légal, « normal ». Bien que certains jeunes bradent leur corps dans le cadre de la prostitution pour 50 dirhams, d’autres sont parfois payés plus de 300. Atteindre les 2000 dirhams, c’est-a-dire le salaire minimum d’un marocain, est alors presque facile. Aussi, certains marocains de la classe moyenne touche à la prostitution pour arrondir leur fin de mois.

 

Les clients de ces jeunes sont majoritairement des étrangers, le tourisme favorisant donc le développement de ce « marché ». Le Maroc est parfois même appelé « paradis sexuel » tant il est facile de profiter de la prostitution et de l’exotisme, très recherché dans ce domaine, que le pays offre aisément.

 

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Toutes ces pratiques relevant malheureusement encore du tabou, il n’existe pas de chiffres exacts concernant ce commerce. Cependant, des reportages comme celui proposé ci-contre (Enquêtes Exclusives) permettent de se rendre compte de l’étendu du fléau.
http://www.babrio.com/la-pedophilie-au-maroc-enquete-exclusive,339.html

Bien que ce tourisme soit extrêmement développé, il n’existe pas de réseau de prostitution à ce jour. Certains touristes voyagent dans le but même d’assouvir leurs besoins charnels, tandis que d’autres se laissent tenter sur place. En effet, les proxénètes sont nombreux et tentent, sans embarras, de séduire les voyageurs (cf. le reportage)

Le tourisme sexuel au Maroc n’est pourtant pas une affaire ressente. Déjà, dans les années 1930-1940, Tanger était connue pour être une destination très prisée par la communauté Gay. Au lendemain de l’indépendance du Maroc, et à partir des années 60, ce sont surtout les touristes sexuels espagnols qui fréquentaient la ville. Il faudra attendre les années 70-80 pour que ce phénomène prennent de l’ampleur. Ainsi Marrakech et Agadir sont devenus les destinations favorites des touristes sexuels français, allemands et scandinaves. La demande créant l’offre, c’est comme cela que certains jeunes ont commencé à se vendre volontairement. Durant les mêmes années, après l’éclatement de la guerre au Liban, une nouvelle « race » de touristes sexuels va s’intéresser au Maroc. Riches grâce au pétrole, les Moyen-orientaux affluent en masse essentiellement vers Casablanca où ils trouvent une offre généreuse de femmes jeunes, belles, arabes. Le même phénomène aura lieu dans les années 90 avec l’afflux de jeunes algériens mais il cessera en 1994, à la fermeture des frontières entre les deux pays. Cette date coïncide avec la fin de la guerre au Liban et la diminution du nombre de touristes arabes.

Entre temps, le Maroc a lancé son plan « Vision 2010 » ayant pour objectif d’atteindre 10 millions de touristes par an, ce qui implique donc en contre partie une plus grande affluence de touristes sexuels occidentaux. Aussi, le Tsunami en décembre 2004 ravagea la Thaïlande, les Philipines et le Sri Lanka, destinations en vogue au sein du tourisme sexuel, faisant alors du Maroc une destination très prisée.

Deux affaires touchant à ce fléau ont fait parler d’elles dans la presse mondiale. Il s’agit de l’affaire Philippe Servaty, journaliste belge, et celle d’un français. (cf. vidéo ci-dessus.)

 

De plus, près d’ 1/4 des prostitués n’exigent pas le port du préservatif. Ainsi, le sida et les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) se propagent de plus en plus au Maroc, touchant toute la société marocaine. Un manque d’information au sujet de la contraception est majoritairement à l’origine de cette imprudence. Aussi, certains clients ne souhaitent pas se soumettre au port du préservatif et refusent alors les services des prostituées ou leur offre un supplément si elles acceptent de ne pas en utiliser… A ce sujet, l’étude du Ministère de la Santé marocain souligne que 36,6% des femmes acceptent d'avoir un rapport sexuel avec un client même sans préservatif et 46,3% sont consentantes à condition de recevoir une somme d'argent plus importante. Et pourtant, la majorité de ces femmes connaissent le sida. Au sujet de la connaissance d'IST, 85% n'ont aucune idée sur l'Hépatite virale et 51,4% ne connaissent pas la Syphilis.

L'étude indique qu'en cas d'IST, seulement 32,6% des travailleuses du sexe se rendent dans un centre de santé ou un hôpital. 17,1% de ces femmes préfèrent demander conseil dans des associations. Elles ne sont que 18% à décider d'arrêter toute activité sexuelle jusqu'à la disparition des symptômes.

 

A la question de savoir si l’utilisation correcte du préservatif est un moyen efficace pour empêcher le sida, 73,6% ont répondu favorablement. Mais un grand nombre de ces femmes ignorent encore les modes de transmission du VIH. Et pour preuve, 216 travailleuses du sexe pensent qu’elles peuvent être infectées par le VIH en partageant un repas avec une personne contaminée.

 

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Un grand nombre de solutions sont attendues et commencent à être mise en place aujourd’hui. Cela passe par une plus ample information par les médias sur le sujet, une sensibilisation des touristes et des associations telle que « Touche pas à mon enfant » ou AMDH (Association Marocaine des Droits de l’Homme). Elles jouent un rôle essentiel dans cette lutte contre le tourisme sexuel. Des manifestations de plus en plus fréquentes regroupant hommes, femmes et jeunes ont lieu aujourd’hui au Maroc, ce qui était encore inconcevable il y a quelques années.

 

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Photo 7: campagne publicitaire contre la prostitution des enfants

 

Enfin, les études de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) prouvent que le recours au travail des enfants est fréquent dans le secteur touristique, avec des conditions très précaires: emplois instables, salaires minimes, peu de formation…

Au Maroc, plus d’un million et demi d’enfants en âge d’être scolarisés sont privés de leurs droits à l’éducation. Mais des progrès ont été accomplis grâce à la mobilisation du gouvernement marocain. Quelques chiffres en témoignent: en 1998-1999, 73,5% des enfants étaient scolarisés ; ils étaient 84, 6% en 2000-2001 puis 92,17% en 2003-2004. Cependant, des résistances subsistent. Beaucoup de parents ne sont pas convaincus de l’utilité de scolariser leurs enfants, en particulier leurs filles. La plupart des enfants non scolarisés sont menacés d’exploitation économique, à travers les tâches qui leurs sont confiées dans l’artisanat, dans l’agriculture, dans des conditions qui ne sont pas toujours satisfaisantes pour leur santé et pour leur équilibre psychologique. On estime à plus de 600 000 le nombre d’enfants de moins de 15 ans qui travaillent. 80% d’entre eux vivent en milieu rural.

Le nouveau code du travail élève de 12 à 15 ans l’âge légal du travail : des sanctions menacent les employeurs qui ne s’y plient pas. L’Unicef développe des actions en milieu rural et urbain pour limiter le travail des enfants.

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Photo 8: la misère et le travail des enfants marocains

 

Le Maroc est donc un pays ou le tourisme a une influence considérable. L’arrivée massive de touriste est donc en grande partie responsable de la désertification des campagnes et de l’augmentation des prix, amenant un développement accru des bidonvilles où tentent de survivre une partie conséquente de la population marocaine qui n’a pas la possibilité de s’adapter à la vie moderne.

En découle un bouleversement de la société dont profitent les touristes développant ainsi le trafic de drogue, la petite criminalité et surtout le tourisme sexuel en lequel de nombreux marocains de tous niveaux sociaux trouvent un moyen de financement malheureusement non négligeable pour les plus miséreux.

Tourisme sexuel, folklorisation de la société, émigration clandestine… le tourisme semble avoir un impact néfaste sur la société marocaine. Heureusement, il est aussi à l’origine de nombreux avantages et avancées pour le pays qui sont loin d’être négligeables.

 

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B) Les avantages du tourisme externe sur la société marocaine

 

L’afflux de touristes a aussi permis au Maroc un réel essor économique et social. La population est plus active et le pays s’ouvre sur le monde grâce à une modernisation sociale rapide.

 

 

  1. L’indicateur de Développement Humain du Maroc

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes ; les statistiques du Maroc concernant la population ne font que progresser.

 

Ainsi, l’Indicateur de Développement Humain au Maroc était de 0,642 en 2004, selon le rapport national de développement humain de 2005 réalisé par le Haut-commissariat au plan en partenariat avec le programme des Nations unies pour le développement (PNUD). En 1975, il n’était que de 0.429. Par comparaison, en 2004, l’IDH de la France, pays développé, était de 0.952 et celui de la Somalie, pays sous-développé, d'environ 0.200

 

L'IDH, variant entre 0 et 1, est calculé par la moyenne de trois indices mesurant :

- La santé /longévité (mesurées par l'espérance de vie à la naissance), qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des besoins essentiels tels que l'accès à  une alimentation saine, à l'eau potable, à  un logement décent, à une bonne hygiène et aux soins médicaux.

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- Le niveau d'éducation. Il est mesuré par le taux d'alphabétisation des adultes et le taux de scolarisation.

Au Maroc, en 2006, le taux d’analphabétisation était de 40%, il a donc reculé de 8% en 7 ans.

En 2006, le taux d’alphabétisation au Maroc était de 52%, en France de 99% et en Somalie de 25.8%.

 

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- Le niveau de vie, afin d'englober les éléments de la qualité de vie qui ne sont pas pris en compte par les deux premiers indices tels que la mobilité ou l'accès à la culture.

 

Ainsi, on observe que tous ces chiffres ont augmentés, résultant d’un IDH plus élevé.

L’arrivée de touristes au Maroc s’effectuant de plus en plus massivement depuis les années 90, est un des principaux facteurs de ces évolutions.

 

 

  1. Modernisation du système sociale

 

a) Le rôle important de la relance de l’emploi et de l’éducation

 

L’arrivée massive de touristes au Maroc a impliqué la construction de nombreux complexes hôteliers et autres lieux d’accueil. Il a donc fallu trouver un grand nombre d’employés pour satisfaire la demande touristique. Les universités se sont donc multipliées et ont ajouté à leur système éducatif des circuits de formation aux métiers du tourisme. Les centres de formation dans le même secteur se sont aussi multipliés.

 

Les familles marocaines scolarisent ainsi de plus en plus leurs enfants, afin de leur assurer un avenir sur. Aussi, la venue des touristes étrangers et la vue du niveau de vie et de la vie occidentale donnent envie aux marocains qui envisagent alors de grandes études pour pouvoir partir à l’étranger et réussir « à l’occidentale ». 

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Photo 9: des étudiants marocains

 

  La multiplication d’universités a été permise par la forte hausse de l’offre d’emplois que le pays a connu au lendemain du début de la vague touristique. En parallèle des emplois directs, c’est-à-dire les emplois directement liés au tourisme (exemples : métiers de la restauration, agences de voyages…) les emplois indirects (exemples : transports, métiers du bâtiment, commerce…) se sont eux aussi multipliés. Les marocains ont donc eu accès à des circuits d’études et à de nouveaux emplois ce qui a permis aux jeunes d’avoir une éducation scolaire poussée et la chance d’accéder à des métiers qualifiés.

 

Peut-on alors dire que le taux de pauvreté baisse actuellement au Maroc ? Les avis sont différents et même contradictoires. Certains disent que par la création d’emplois, la pauvreté diminue activement, mais d’autres soutiennent que le taux de pauvreté au Maroc augmente du fait que les hôtels sont nombreux à préférer employer des occidentaux car ils les jugent plus qualifiés. Ainsi, démunis, ceux qui ont échoué se retrouvent dans les bidonvilles, augmentant la misère des grandes villes marocaines. Il est cependant vrai que le système éducatif se diversifie et que l’offre d’emploi est plus importante.

« Selon une vaste enquête portant sur le développement au Maroc, le taux de pauvreté s’est sérieusement aggravé depuis 10 ans, malgré un léger refoulement en 2001. Plus de 5 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, parmi une population totale de plus de trente millions. Dans les campagnes, c’est une personne sur quatre qui est vulnérable. » (Lundi 3 juillet 2006 par Pierre Beaudet). « Le taux de pauvreté au Maroc a enregistré une baisse entre 1994 et 2004 passant ainsi de 16,5% à 14,2% et ce grâce à l'évolution générale des conditions de vie de la population.  

C’est ce qu’a annoncé mardi 4 octobre, le Haut commissaire au Plan, lors d'un point de presse donné, à Rabat, pour la présentation des principaux résultats démographiques et socio-économiques du recensement général de la population et de l'habitat (RGPH-2004).
Le Haut commissaire au Plan a précisé que cette baisse du taux de pauvreté a été plus accentué en milieu urbain qu'en milieu rural puisque ce taux, a-t-il dit, malgré son niveau relativement bas en milieu urbain, a perdu 2,5 points, contre seulement un point en milieu rural. Il a fait remarquer que selon ces premiers résultats, bien que le taux de pauvreté au Maroc ait connu cette baisse il demeure nécessaire d'accomplir plus d'effort pour contrecarrer le déficit en matière du développement humain. »
(Source : L'Economiste-MAP)

 

 

               b) la condition de la femme

 

L’arrivée de touristes occidentaux a permis aux marocains d’entrevoir une autre culture et une conception de la condition de la femme et de la famille différente. Ainsi, la place de la femme au sein du pays et de la famille évolue d’année en année, se rapprochant de plus en plus du modèle occidental, que les marocains côtoient au travers des touristes. C’est surtout en 2004 que la condition féminine a été bouleversée car Mohamed IV a réformé la Moudawana (lois qui dictent les règles du comportement des femmes). Ainsi, la polygamie est aujourd'hui soumise à des critères draconiens, la famille est placée sous la responsabilité du père et de la mère, le divorce est autorisé pour les deux sexes, les femmes ne sont plus obligées d'accepter un mariage qui ne découlerait pas d'un choix personnel. Ces réformes ont été fortement réclamées quelques années auparavant dans une pétition de l'Union pour l'Action Féminine qui a récolté, au grand étonnement de chacun, plus d'un million de signatures. Cette pétition a été condamnée par les islamistes qui accusaient les féministes d'être des "complices de l'Occident". Cette formulation montre bien l'influence de l'Europe sur la nouvelle condition de la femme au Maroc.

 

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Photo 10: des femmes actives marocaines

 

Par ces réformes, Mohamed IV a souhaité intégrer les femmes au développement du pays. "Comment espérer assurer progrès et prospérité à une société alors que ses femmes, qui en constituent la moitié, voient leurs droits bafoués et pâtissent d'injustice, de violence et de marginalisation, au mépris du droit à la dignité et à l'équité que leur confère notre sainte religion ?" (Extrait du discours du 10 octobre 2003 de Sa Majesté à l’ouverture de la session parlementaire). De fait, les jeunes filles sont de plus en plus scolarisées et les femmes prennent plus part à la vie active.  

 

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Elles sont donc de plus en plus libres, mais il faut encore pouvoir se donner les moyens d’appliquer réellement ces nouvelles réformes. Informer la population, et surtout les femmes de leurs nouveaux droits, intégrer ces changements dans les mœurs, créer des tribunaux spécialisés etc. … La liberté de la femme est en bonne voie mais elle demeure encore restreinte.

 

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Photo 11: des femmes marocaines "traditionnelles"

 

 

3) Le désenclavement des zones rurales

 

Le tourisme n’a pas touché que les littoraux et les grandes villes marocaines. L’arrière pays est aussi mis en valeur par les organisations marocaines, afin de montrer aux touristes le « vrai Maroc ».

 

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Photo 12: des touristes pratiquant le "trekking"

 

Grâce à des formes de tourisme comme le trekking ou le tourisme solidaire, les zones rurales font parties des circuits touristiques, ce qui permet de mettre en avant les traditions et les activités locales (parfois trop, comme vu précédemment) et d’en faire un nouvel atout de développement socio-économique. Les touristes et les autochtones, très hospitaliers, se rencontrent plus naturellement ce qui leur permet de créer des liens et de sortir les populations rurales de l’isolement.

 

Aussi, la restauration des monuments historiques a joué dans la mise en activité de l’arrière pays car les petits artisans peuvent ainsi faire étalage de leurs marchandises locales aux abords des sites touristiques.

  Tout cela a donc permis le désenclavement des zones rurales. Leur activité relancée, sur le plan touristique, a permis de freiner l’exode rural qu’observait le pays depuis quelques années. La venue de plus en plus importante de touristes dans les villages a favorisé une meilleure alimentation en eau et en énergie ainsi qu’un accès par des routes praticables. (De plus en plus de touristes recherchent la tranquillité et choisissent de quitter les grandes villes pour des villages plus retirés ou ils pourront par exemple construire des riads.)

  Cependant, les zones les plus retirées sont toujours victimes de leur isolement.

 

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Photo 13: un village excentré dans les monts Atlas

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Photo 14: un village isolé marocain

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La venue de touristes au Maroc a donc permis au pays de se développer. L’offre d’emplois plus importante, la multiplication des universités et des étudiants, les nouveaux débouchés scolaires, l’évolution de la condition de la femme et le désenclavement des zones rurales… Le tourisme a apporté de nombreux avantages qui ont permis au pays de se moderniser.

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Conclusion : 

 

 

Le tourisme a donc eu des impacts contrastés sur la société marocaine.

A l’origine de grandes avancés comme la multiplication des emplois et des étudiants, la plus grande liberté des femmes ou encore le désenclavement des zones rurales, il est aussi responsable de la folklorisation des traditions locales, de la surpopulation des bidonvilles, du tourisme sexuel, du travail des enfants…

Pour lutter contre ces aspects négatifs du tourisme, le Maroc et ses pays partenaires devraient multiplier leurs efforts et créer plus d’associations humanitaires et de campagnes publicitaires afin de mieux sensibiliser les touristes et les populations locales. Une meilleure coopération entre les Etats à ce niveau là mais aussi au niveau juridique, permettrait au Maroc de faire du tourisme un facteur de développement social plus sain.

 

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Maroc & Tourisme
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